Le Lundi des Créateurs : Christine Pire

Christine Pire crée de toutes pièces des luminaires aux couleurs inspirées par des tissus japonais et népalais "délicieusement kitsch". Elle nous parle aujourd'hui de son parcours atypique, on vous laisse faire sa connaissance ?

Bonjour Christine, merci de répondre à mes questions ! Peux-tu commencer par me parler de toi ?

Alors, je suis liégeoise de naissance. J’ai habité à la campagne pendant quelques années, près de Sprimont. J’ai donc été en contact avec la nature au quotidien et c’est quelque chose qui a une place prépondérante dans ma vie. C’est aussi lié à mes nombreux voyages en montagne, en Asie… Je le dit rarement mais c’est l’occasion : j’ai fait l’ascension du mont Kenya !

Je suis maman de Sibylle, qui vient d’avoir 20 ans… Je suis une personne qui aime se retrouver seule, c’est assez important pour moi de me retrouver seule de temps en temps. Le social, je l’ai côtoyé à très grosses doses il y a des années et à un moment donné, j’en ai eu marre. J’avais besoin de plus de sérénité, de calme.

C’est à cette époque-là que j’ai commencé le yoga, pour me reconnecter au corps. Je fais d’ailleurs pas mal de sport, je cours, je fais du yoga, je nage aussi depuis longtemps et je fais beaucoup de méditation. Je pense que mon hypersensibilité s’est accentué au fil des années et c’est ça qui me permet de retrouver un équilibre.

Sinon, j’habite dans le quartier des Guillemins, dans un appartement qui est vraiment un cocon pour moi et ma fille. Il est très lumineux et je m’y sens super bien, malgré le fait que je n’ai pas d’extérieur.

Comme je le disais, j’aime beaucoup voyager. J’e suis partie en Asie, en Afrique, j’ai été à la montagne pendant une dizaine d’années… Là, je reviens de Croatie. Il faut savoir que je suis une gourmande invétérée, j’adore manger local quand je voyage ! (Rires)

 

"Je dirais aux gens de faire appel à leur authenticité. Il faut faire au mieux, ce n'est pas facile mais c'est toujours porteur."

Peux-tu m’expliquer ton parcours scolaire et professionnel un peu plus en détails ?

En secondaire, j’étais en option sciences/math. Comme j’aimais nager et voyager, je voulais être océanographe. J’ai donc commencé les sciences géographiques à l'Univ'.  Malheureusement, j'ai dû recommencer ma première année après avoir été malade lors de ma 2ème sess. Ensuite, je suis tombée amoureuse et je n’ai plus rien foutu ! (Rires)

Mes parents m’ont dit « l’univ, c’est terminé ». J'ai alors entrepris un bachelier en Animation des loisirs et du tourisme que j’ai terminé mais sans grande conviction.

J’ai ensuite trouvé un boulot dans une jeanserie dans le Carré qui marchait du tonnerre. Je me suis rendue compte que la vente et moi ça faisait deux. (Rires) Après deux ans là-bas, j’ai commencé des cours du soir de Décoration d’intérieur au Château Massart. C’était assez technique. On ne développait pas tellement le côté artistique. J’ai super bien terminé mon cursus, mais je pense que par manque de confiance en moi, je me suis auto-sabotée, je me trouvais toujours des excuses.

A l'époque, le papa de ma fille et moi avions emménagé dans un appartement où il n’y avait aucune applique sur les sorties électriques prévues pour ça. J’aimais déjà coudre, j’avais plein de papier, de tissus… j’ai commencé à façonner des appliques, principalement pour m’amuser. C’était très abstrait, pas bien fini car je n’avais pas la technique. Mon entourage s’y est intéressé et j’ai fait la même chose pour eux, c’était super chouette.

Au bout d’un moment, ça s’est essoufflé car je n’avais pas de structure et l’entourage n’avait pas besoin de centaines d’autres appliques. (Rires)

Un jour, je suis tombée sur une pub pour une formation dispensée par Crédal pour les femmes au chômage qui avaient un projet d’entreprise. Je n’avais pas encore de projet d’entreprise mais l’envie de créer me titillait à nouveau. J’ai été sélectionnée et ça a duré 3 mois. On nous a appris toutes les techniques pour monter notre entreprise. J'ai ensuite été accompagnée par Job’In avec qui j’ai monté un dossier de bourse de pré-activité que j'ai obtenue 8 mois plus tard.

C'était génial, je n’avais jamais eu une somme pareille à ma disposition pour monter un projet qui émanait de moi à 100%. Même si j’avais travaillé dessus pendant plusieurs mois, c’était inespéré. Grâce à ça, j’ai pu créer un site, une carte de visite, un logo… Et surtout le prototypage.

Je crois vraiment en la providence, si tu crois en quelque chose, et que tu t’y mets pour de bon, le reste se mettra en place tout seul.

De fil en aiguilles, j’ai trouvé les adresses de mes fournisseurs, des demandes pour des expos… Tout s’est emboité, j’ai créé mes différents modèles.

Là, ça fait un an que je suis des cours de céramique, alors peut-être qu’un jour, je mêlerai céramique et mes créations luminaires, qui sait ?

Dans l'atelier de Christine. Crédit photo : Christine Pire 

Et tes inspirations pour ces modèles, tu les trouves où ?

Il faut savoir que je n’achète même pas deux mètres de chaque tissu, car j’essaie de privilégier les pièces uniques. Je peux aussi proposer de très petites séries de chaque tissu. Ce sont toujours des coups de cœur, que je trouve parfois en voyage.

Depuis quelques années, j’ai développé un peu ma niche, le papier japonais ou népalais et ça plaît, jusqu’à présent. Je trouve ça délicieusement kitsch ! (Rires) C’est aussi très féminin, ça correspond à ma sensibilité.

 

As-tu des actualités à partager, par rapport à tes luminaires ?

J’avais été contactée par la RTBF pour réaliser des suspensions pour un plateau radio. Je viens d’avoir justement le mail de confirmation de ce projet, donc c’est chouette ! Je suis contente d’avoir décroché ce contrat.

Sinon, je ne pense pas avoir de nouveautés. Par contre, on arrive dans la saison où le soleil se couche plus tôt, où les gens se retrouvent plus vite dans leurs cocons, donc je vais peut-être avoir plus de demandes qu’en été. Je sais que je vais devoir préparer un stock plus important qu’à d’autres moments de l’année.

 

As-tu des rêves un peu fous, des choses que tu aimerais réaliser dans ta vie ?

J’ai toujours eu cette petite envie, un jour, d’ouvrir une guest house loin d’ici, sous les tropiques, au bord de la mer, au chaud… (Rires) Je ne sais pas, je pense que c’est quelque chose qui me suit, même si j’aime ma solitude, j’ai envie de pouvoir connaître ce type de contact avec les gens.

 

Si tu pouvais donner un conseil aux gens qui lisent cette interview, tu leur dirais quoi ?

Je leur dirais « Faites appel à votre authenticité ». Il faut faire au mieux, ce n’est pas facile, mais c’est toujours porteur.

 

Interview réalisée par Julia Blaimont

Les créations de Christine Pire

Luminaire papier japonais fleurs rouges et rose

Luminaire papier japonais envol de grues

Luminaire papier japonais fleurs et grues

Luminaire papier japonais fleurs de cerisier