Le Lundi des Créateurs : Perrine Dehousse (Perrine dessine)
Perrine s'inspire des phrases qu'elle entend, des conversations qui la marquent et des gens qu'elle rencontre pour créer des articles de papeterie, véritables petits talismans de douceurs. Découvrez son parcours et toutes les nouveautés qu'elle vous prépare pour les mois qui arrivent !
Bonjour Perrine, merci beaucoup de répondre à mes questions. Peux-tu me parler de toi en dehors de ton activité professionnelle ?
C’est compliqué, c’est vrai que mon métier prend quasi toute la place dans ma vie… Du coup, je m’appelle Perrine, contre tout attente. (Rires) J’ai 32 ans, je vis à Liège, j’aime découvrir des choses, j’aime lire, aller dessiner dans les cafés, j’aime manger, voyager…
Je peux aussi dire que j’aime le bruit du papier qui entoure le chocolat, au risque de me décrédibiliser aux yeux de mes clients zéro-déchet ! (Rires)
Peux-tu me parler de ton parcours jusqu’à aujourd’hui ?
Alors, j’ai fait des humanités générales, où j’avais un peu du mal à suivre. J’avais du mal à me concentrer, j’étais plus du genre à dessiner dans les marges du cahier. En sortant de là, j’ai fait 3 ans de graphisme à Saint-Luc, d’où je suis sortie à 21 ans, et je ne me sentais pas capable, psychologiquement, de travailler.
J’ai cherché un master. Je me suis inscrite en Communication culturelle, à l’ESAPV à Mons, qui est maintenant ARTS2. Mais à 23 ans, je n'étais pas plus avancée que ça ! (Rires) C’était un master très enrichissant, mais j’ai eu du mal à trouver un travail en sortant de là. J’ai bien fini par trouver et j’ai travaillé pendant 5 ans comme employée.
J’ai eu de la chance de travailler comme graphiste dans diverses entreprises et institutions, même si ce n’était jamais des contrats de plus d’un an.
En sortant de Saint-Luc, je m’étais inscrite à la Smart pour pouvoir prendre des petites commandes à côté de mon job d'employée. Au fur et à mesure, j’ai réduit mon temps de travail et j’ai pu donner plus de place à la création.
Quand ce contrat s’est terminé, je suis devenue indépendante complète. Ça fait 4 ans, maintenant !
Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir indépendant complète justement, qu’est-ce qui t’inspirais là-dedans ?
J’ai toujours fonctionné au feeling, mais ce qui me plaisait en prenant des commandes, c’était la diversité des demandes. Quand tu es graphiste pour une boite, tu utilises quasiment toujours les mêmes couleurs, la même charte graphique, et ça me frustrait un peu, je crois.
Sur le côté, je prenais donc pas mal de commandes, même si ça voulait dire que je refaisais une 2ème journée de travail. En même temps, c’était ce que j’aimais vraiment faire, donc j’acceptais entièrement de travailler le soir, les weekends et de ne pas avoir de vie… (Rires)
C’est ça qui m’a motivé à diminuer mon temps de travail comme employée et de donner plus de place à ces commandes. J’ai la chance de travailler dans un secteur que j’adore, ancré dans mes valeurs, donc la deuxième partie de la journée était celle que je préférais.
Je ne me suis jamais dit « je veux un jour être indépendante ». Ça s’est fait comme ça !
D’où viennent tes inspirations pour créer les supports que tu vends, comme les cartes ou les petits cadres ?
Souvent, les petits mots ou textes de ces supports viennent de mes carnets, dans lesquels j’ai toujours écrit. J’essaie de remplir un carnet Moleskine par an. Ce sont souvent des choses que j’entends, quand je dessine dans les cafés, ou bien quand je discute avec des amies.
J’écris beaucoup pour ne pas oublier les phrases qui me touchent. Les prochaines cartes sont très inspirées de séries ou de livres qui m’ont vraiment marqué. Un jour, je me suis dit « il faut que j’en fasse quelque chose », car je trouvais ça un peu bizarre de juste relire mon carnet et de garder tous ces trésors pour moi. J’avais envie de pouvoir les partager aux gens, car même si ce sont des mots qui me touchent moi, ils pourraient peut-être toucher d’autres personnes.
Les messages sont assez universels, mais on peut parfois les interpréter de manière très personnelles, c’est ça qui est très chouette.
Le bureau de Perrine, à Liège. Crédit photo : Heyou Studio.
As-tu des actualités à partager, des nouveautés sur le feu dont tu as envie de parler ?
Alors, oui ! Je vais sortir de nouvelles cartes, toujours dans la continuité de ce que je fais maintenant. La particularité, c’est que je vais en sortir huit d’un coup ! Ça fait longtemps qu’à mon sens, je me repose sur mes acquis et que je réimprime les cartes qui fonctionnent bien.
La grosse nouvelle, c’est que les cartes vont changer de format. J’ai toujours aimé le format carré, car il est facile à repartager sur Instagram, à décliner dans les cadres… Mais ce qui est très bizarre, et je ne comprends pas que je n’y ai pas pensé plus tôt, c’est que le format carré chez l’imprimeur produit énormément de chutes de papier.
Quand je suis revenue de vacances, j’ai décidé de revoir et de remettre en place tout ce que je voulais changer pour « Perrine dessine », je me suis dit que c’était le moment de transformer tout ce qui ne me convenait pas entièrement. Donc je change de papier, le nouveau sera 100% recyclé, je change aussi de format, comme ça mes cartes seront à un format standard qui est à un timbre à la poste, c’est beaucoup plus logique.
Petit à petit, les anciens motifs de cartes disparaîtront pour faire place aux nouveaux. Peut-être que les anciens motifs que j’aime vraiment beaucoup réapparaitront sous d’autres formes. J’ai repris des cours de peinture à la gouache, afin de restimuler ma créativité à la main et mon envie d’expérimenter, donc qui sait ? Ces dessins reviendront peut-être plus tard sous une forme nouvelle !
Mon objectif à partir de maintenant, c'est de donner plus de place et de visibilité à ma papeterie. Place qu’elle n’avait pas, à côté de mon boulot de directrice artistique et de graphiste et aux projets clients pour lesquels je bosse à temps plein.
Je voudrais lui faire une vraie place sur mon site, pour montrer qu'elle a autant d'importance que mes autres projets.
"J’ai l’impression qu’on a toujours la bonne intuition pour soi-même. Quand on s’écoute, j’ai l’impression qu’il se passes des trucs cools, tu rencontres les bonnes personnes, ta journée s’illumine…"
Sur le long terme, as-tu des rêves un peu fous qui te tiennent à cœur ?
J’ai beaucoup de rêves, certains ne se réaliseront sûrement pas dans cette vie-ci ! J’ai un rêve qui me suit depuis longtemps, j’ai très envie de créer un lieu un peu atypique comme on en voit dans certaines villes, où l’on retrouverait le côté création et le côté boutique.
Dans ma tête, ça serait idéalement un trop bel endroit avec des meubles chinés. J’y aurais mon studio de graphisme, et il y aurait une boutique de mini collections de créateurs pas très connus, on y ferait aussi des expos. Ce lieu ne serait pas ouvert tout le temps, surtout (Rires) On pourrait aussi y lire des livres en dégustant un petit thé ou un petit morceau de brownie…
Voilà, je pense que dans une deuxième partie de vie, quand je serai plus vieille, pourquoi pas !
Y a-t-il des choses dont tu te réjouis pour les derniers mois de l’année ?
Et bien je dirais que, comme je l’ai mentionné un peu avant, le fait de reprendre des cours me réjouis beaucoup !
Je me force à expérimenter de nouveau, à dessiner sans raisons particulières, à essayer des choses pour le plaisir d’essayer, sans me demander si ça plaira aux clients ou si ça se vendra. Pendant l’été, c’était plus simple de dégager une journée par semaine pour me consacrer à ça.
Maintenant que les demandes reprennent, j’espère pouvoir m’y tenir. J’ai installé une pièce chez moi, complètement indépendante de mon espace de coworking ou je travaille sur tous mes projets. Dans cette pièce, je peux dessiner et ne rien ranger, c’est assez libérateur !
Je me réjouis aussi de sortir les nouvelles cartes et d’avoir un retour des gens.
Si tu pouvais dire quelque chose aux gens qui vont lire ton interview, tu leur dirais quoi ?
Je leur dirais de s’écouter. Toujours. Je dis ça, mais ça ne fait pas longtemps que j’applique ce conseil ! (Rires) J’ai l’impression qu’on a toujours la bonne intuition pour soi-même. Quand on se force à faire des choses, on finit par ne pas le faire correctement, c’est bête. Quand on s’écoute, j’ai l’impression qu’il se passes des trucs cools, tu rencontres les bonnes personnes, ta journée s’illumine… Voilà mon premier conseil.
Mon autre conseil serait : entourez-vous de tout ce qui est joli !
Interview réalisée par Julia Blaimont
Les créations de Perrine dessine
Carte postale "Allons-y gaiement
Cadre "gros Merci et grand Bisou"