Le Lundi des Créateurs : Arthur Joskin
Arthur Joskin s'est reconverti dans la vinification de raisins belges et français il y a quelques années. Aujourd'hui, il nous parle de son parcours atypique et de ses projets pour Dalaheim Castellum et Mycélium, ses deux marques de vins naturels.
Bonjour Arthur ! Merci de faire cette interview ! Peux-tu me parler de toi, qui es-tu en dehors du travail ?
Je m’appelle Arthur Joskin et je viens du milieu de l’électromécanique. La mécanique est un domaine qui m’a toujours intéressé. Durant mon adolescence, j’aimais fabriquer des cabanes mais aussi aller aider à la siroperie près de chez moi et cueillir les pommes pour en faire du jus. Au printemps, j’aimais récolter les fleurs de sureau, pour en faire des macérations et du jus.
Sinon, me balader en forêt, me retrouver seul parfois, c’est important pour moi. Mon métier est un peu solitaire, il faut aimer ça. J’aime aussi beaucoup faire la fête ! (Rires)
Peux-tu me parler un peu plus en détail de ton parcours professionnel ?
Après avoir fait deux années dans l’enseignement secondaire général, je me suis rendu compte que ça ne me convenait pas. J’avais besoin d’un cursus plus manuel, j’ai toujours travaillé avec mes mains. Alors, j’ai continué en technique de qualification à Saint-Joseph, à Visé. Là, j’ai appris à utiliser des fraiseuses, des tours pour faire des pièces mécaniques, j’ai appris l’électricité mécanique des bâtiments… Bref, plein de choses très intéressantes, qui m’ont ensuite amené à faire un bachelier en électromécanique à Seraing, à l’Hénallux.
Après 2 ans et demi de cours et 1/2 année de stage dans une entreprise qui faisait des projets uniques, j’ai fait une passerelle pour devenir ingénieur en électromécanique. Mon diplôme en main, j’ai trouvé un poste chez Sulzer, un bureau d’étude qui fait des pompes industrielles.
A cette époque, mon frère sortait avec une fille dont le beau-père avait un vignoble, il avait besoin de coups de main. C'est en allant l'aider que j’ai rencontré Bart Nissen, la personne qui a planté le vignoble de Dalaheim Castellum. Grâce à lui, j'ai appris tout le processus de la fabrication du vin : cueillir les raisins, les presser, les vinifier… Moi qui aimait cueillir les pommes étant jeune, j’étais ravi ! Il avait un énorme stock de vin, je me suis bien amusé à embouteiller, à étiqueter et à commercialiser.
En 2019, j’ai eu mon numéro de TVA, en tant qu’indépendant complémentaire.
En février 2020, toute la parcelle du vignoble a gelé. Il n’y avait plus de raisins. J’étais très embêté car j’avais justement loué un petit garage et racheté les cuves de Bart. En en parlant autour de moi, un client me demande de vinifier pour lui, avec du raisin qu’on irait chercher en France. On a donc été là-bas chercher du raisin bio et biodynamique.
C’est comme ça que j’ai découvert le vin naturel, qui est issu d’une fermentation spontanée et qui contient très peu, voire pas du tout de sulfite. J’ai donc commencé en 2020 à ne faire que du vin naturel.
En juin de la même année, la société pour laquelle je travaillais a voulu licencier un grand nombre de ses employés. J’ai pris la décision de démissionner. J’ai ensuite été suivi par CréaPME, puis par une couveuse d’entreprise, Step Entreprendre, qui m'a accompagné jusqu’à fin août.
Ça, c’est donc le parcours de Dalaheim Castellum, mais peux-tu me parler de ton autre projet, Mycélium ?
En fait, les gens ne comprenaient pas vraiment la différence entre le vin belge que je fais pour Dalaheim Castellum, et les vins que je fais à partir de raisins français. On s’est donc dit qu’on allait créer une marque dédiée à la vinification de ces raisins français, pour vraiment marquer la différence entre les deux.
Les vignes de Dalaheim Castellum, à Dalhem. Crédit photo : Dalaheim Castellum.
Un des éléments qui plait beaucoup dans tes produits, c’est aussi le design de leurs étiquettes. D’où vient-il ?
C’est ma compagne graphiste qui a réalisé l’étiquette et les designs des deux marques. Les étiquettes existantes de Dalaheim Castellum n’étaient pas à notre goût, on voulait quelque chose d'un peu plus de pep’s.
Pour Mycélium, on souhaitait un design un peu moins « festif » et un peu plus tourné vers les goûts des restaurants haut-de-gamme, quelque chose d’épuré et propre.
Est-ce qu’il y a des actualités liés à Dalaheim Castellum ou à Mycélium dont tu as envie de parler ?
Dalaheim Castellum va bientôt obtenir le label BIO, c’est très chouette! On essaie de chercher ce que les gens aiment, pour l’instant. On a eu pas mal de problèmes liés à l’approvisionnement d’étiquettes et de bouchons, et malheureusement, on a commencé à mettre nos vins sur le marché un peu tard. On s’est dit qu’il vallait mieux tester différentes cuvées et voir ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas.
En 2022, on aura 3 cuvées dont une seule sera identique à l’une des cuvées 2021. Les deux autres seront différentes. On fera macérer du Pinot gris et on fera un assemblage de Sylvaner, de Muscat et de Riesling. On a essayé en très petites quantités et ça a super bien donné !
500 bouteilles de crémant arriveront pour les fêtes de fin d’année!
"C’est comme ça que j’ai découvert le vin naturel, qui est issu d’une fermentation spontanée et qui contient très peu, voire pas du tout de sulfite. J’ai donc commencé en 2020 à ne faire que du vin naturel."
As-tu des rêves un peu fous, des envies qui paraissent irréalisables pour Dalaheim Castellum ou Mycélium ?
Mon rêve serait d’acheter un terrain suffisamment grand pour mettre un chai. Ça me permettrait de concentrer mon activité à un seul endroit, pour l’instant je cours un peu à droite, à gauche pour mon activité, c’est beaucoup de temps perdu.
On fait aussi attention au coût écologique de notre packaging. Par exemple, notre bouteille vient de Moselle allemande, à une heure et demi d’ici, le bouchon est biodégradable et les étiquettes sont collées avec du lait.
Dans un moyen terme, j’aimerais instaurer un système de retour de vidanges. C’est un peu bête d’utiliser une bouteille de 400 grammes de verre une seule fois.
Pour finir cette interview, si tu pouvais donner un conseil au gens qui vont lire ton interview, tu leur dirais quoi ?
S’ils ont une idée de projet, qu’ils la testent à petit échelle. Allez-y mollo ! (Rires) Il faut garder son sang-froid et se faire accompagner par des professionnels, afin de ne pas avoir tout sur les épaules d’un coup.
Interview réalisée par Julia Blaimont
Les créations de Dalaheim Castellum