Le Lundi des Créateurs : Anne Crahay
Anne Crahay est illustratrice jeunesse, ses livres font partie de la sélection kids de chez Wattitude depuis de nombreuses années ! Aujourd'hui, elle nous partage son amour pour son métier et les bons conseils qu'elle donne à ses élèves de Saint-Luc...
Bonjour ! Merci d’avoir accepté de répondre à mes questions ! Pouvez-vous vous présenter sans parler de votre métier ?
(Rires) Ca commence mal, parce que mon métier, c’est ma vie. Pour vous donner une petite idée, la première chose que je fais en arrivant en vacances, c’est installer une table de travail ! No comment !
Pouvez-vous me parler de votre parcours ? Qu’avez-vous fait jusqu’à présent ?
J’ai étudié le graphisme à l’ESA Saint-Luc Liège. Mon goût pour le monde de l’enfance m’a amené à collaborer avec des Cie de théâtre jeune public : Le Zététique Théâtre, la Cie Alula, le Théâtre du Sursaut.
Puis en 2007, un premier album jeunesse aux éditions Alice, c’était le début d’une longue longue histoire d’amour avec la littérature jeunesse puisqu’aujourd’hui je pense en avoir publié une quarantaine.
Dans votre travail d’illustratrice, quels sont les thèmes qui vous inspirent ?
J’aime dessiner les animaux et le monde de la forêt, cependant c’est un peu court si il n’y a rien à dire derrière. À mes yeux, tous les sujets sont intéressants, il faut trouver l’angle pour les aborder avec intelligence. Il y a des textes qui me touchent, de idées tout en poésie qui donnent envie de se mettre « en jeu » avec les formes et les couleurs, de réfléchir au rapport texte / image.
Au delà du thème, j’aime par dessus tout travailler à la maison, surtout quand tous les membres de la famille sont au travail ou à l’école. J’ai l’impression que le temps se dilate. Reste moi, les chats, et c’est encore plus délicieux avec une météo de novembre !
Dans l'atelier d'Anne Crahay. Crédit photo : Anne Crahay
Et au niveau de vos actualités, avez-vous des choses à partager ?
Je termine actuellement un grand imagier qui va partir à la recherche d’un éditeur.
Je prépare un album pour les bébés avec les éditions Cotcotcot, « Mon p’tit doigt m’a dit ». Il s’agit d’une comptine autour des premiers mots qui se raconte en langue des signes et jeux de doigts. Ce projet paraîtra dans la très belle maison d’édition belge Cotcotcot.
Et pour terminer, « L’ours et le pinçon », un album pour aborder la rumeur, le bien fondé de ce que l’on dit, de ce que l’on ne dit pas. Un conte pour apprivoiser le silence et la bienveillance, qui s’adresse tant aux grands qu’aux petits. Ce projet paraîtra en avril 2023 chez Didier Jeunesse.
En cette seconde moitié de l’année 2022, y a-t-il des choses dont vous vous réjouissez ?
Le jardin me réjouis, l’extravagance des courges, l’amitié de mes deux poules, ma première rose trémière pourpre. C’est un petit jardin, mais c’est tout un monde... Bon, ça c’est pour le court terme ! (Rires).
Pour ce qui est du futur, je suis inquiète au sujet du climat, de la montée des nationalismes et de la bêtise déferlante. Je tente de faire ma part et cela passe par les livres.
Si vous pouviez faire passer un petit message aux gens qui vont lire cette interview, vous leur diriez quoi ?
Quand un enfant montre son dessin, très souvent l’adulte jette un regard distrait et lui dit « C’est très beau !». Cette réponse mécanique pose une autre question : c’est quoi le beau ? Le beau pour l’enfant, le beau pour l’adulte. Qu’il soit beau ou moche, on s’en fiche, car la question est : « est-ce que ton dessin est juste ? ». Si le personnage est fâché, sent-on bien sa colère ? Ton dessin exprime-t-il ce que tu veux dire ? Pourquoi as-tu choisi ces couleurs? Il y a tant à dire, à réfléchir et à faire grandir...
C’est le simple exemple d’un dessin, mais ce n’est pas anodin. Et si nous prenions un peu plus soin de notre justesse que de notre beauté ?
Interview réalisée par Julia Blaimont