Le Lundi des Créateurs : Philippe Mancini (Savonnerie Lîdjeu)

En 2018, Philippe a repris les rennes de Lîdjeu, savonnerie liégeoise créée en 2015. Aujourd'hui, il vous parle des valeurs qu'il essaie de faire perdurer à travers son travail et de l'importance de veiller à l'impact que l'on a tous sur l'environnement...

Bonjour Philippe ! Merci d’être venu répondre à mes questions ! Peux-tu te présenter sans parler de ton métier ?

Oui, certainement, mais par quoi commencer… (Rires) Philippe, la quarantaine, 2 enfants, liégeois, je vis en Outremeuse. Une vie bien remplie… J’aime beaucoup découvrir de nouvelles bières, donc le nouvel élan des micro-brasseries, ça aide ! Et évidemment, sortir entre potes et les bons restos, j’aime beaucoup. Quand j’ai le temps, j’aime aussi la lecture et le cinéma.

Peux-tu me parler de ton parcours jusqu’à aujourd’hui ? Qu’as-tu fait avant Lîdjeu ?

J’ai un parcours qui, à la base, n’est pas trop porté sur l’artisanat et la création puisque je suis ingénieur en électromécanique de formation. J’ai bossé pendant 15 ans pour des grosses boites, en consultance et gestion de projets informatiques. J’ai toujours un pied dedans puisque Lîdjeu c’est un mi-temps et l’autre mi-temps, je suis dans l’informatique.

Lîdjeu, c’est un projet que j’ai repris en 2018. Ce n’est pas moi le fondateur. Mais quand ces derniers, Baptiste et Maïwenn, ont arrêté en 2015, j’ai repris Lîdjeu car j’adorais leurs produits et je me suis dit « Pourquoi pas ? » J’avais envie de me lancer dans l’entreprenariat mais avec des valeurs. J’avais la volonté de développer l’entreprise et de faire perdurer et connaitre ces supers produits.

"Je partais du principe que si je changeais les choses à mon échelle, si j’arrivais à convaincre 1000 ou 10000 personnes d’abandonner le gel douche pour utiliser du savon solide, ça serait un impact génial."

Comme tu l’as dit, tu n’as pas créé Lîdjeu. Qu’est-ce qui t’a donné envie de reprendre cette entreprise ?

Ce qui m’a amené à Lîdjeu, ce sont 3 choses, en fait. Premièrement, le zéro déchet. J’amorçais à l’époque une transition vers le zéro déchet. La salle de bain, pour moi, était l’endroit où il était le plus simple de commencer : supprimer les gels douche, flacons en plastique… Et tout remplacer par des savons et shampoings solides. Le déclencheur, ça a été toutes les images d’océans remplis de plastique et la prise de conscience que de tout ce qu’on met dans nos sachets bleus, seule une infime partie est recyclée. Le reste est brûlé, dans le meilleur des cas, ou exporté dans le fin-fond de l’Asie sans aucune traçabilité. J’étais scandalisé par rapport à ça, je ne voulais plus y participer.

La deuxième chose, c’est que j’ai 2 enfants et puisque je faisais déjà attention à notre alimentation, ça me semblait logique de faire attention aux cosmétiques qu’on utilisait à la maison. J’étais un peu naïf, je faisais confiance aux réglementations, je pensais que ce qu’il y avait dans nos produits ne pouvait pas être néfaste.

C’était un peu le monde des Bisounours. (Rires) Et j’ai commencé à lire les listes d’ingrédients de ces produits (j’invite tout le monde à faire cet exercice, d’ailleurs, déchiffrer les produits utilisés dans vos cosmétiques). En quelques clics sur Google, on trouve rapidement les risques liés à tout un tas d’ingrédients. J’ai donc pris conscience du greenwashing incroyable qui était mis en place pour beaucoup de marques. Je ne voulais pas utiliser ces produits pour moi et encore moins pour mes enfants.

Le 3ème élément, c’est le côté local de Lîdjeu. Je ne voulais plus participer à l’économie des multinationales, mais aller chercher des produits fabriqués le plus localement possible. Dans cette démarche de recherche, je suis tombé sur Lîdjeu. Je peux dire que je suis tombé de ma chaise, pour moi, le savon solide ça ne se faisait qu’à Marseille ! (Rires) J’ai essayé leurs produits et j’ai tout de suite adoré.

Je voulais me lancer dans l’entreprenariat pour avoir un impact, pas juste pour faire du business. Je partais du principe que si je changeais les choses à mon échelle, si j’arrivais à convaincre 1000 ou 10000 personnes d’abandonner le gel douche pour utiliser du savon solide, ça serait un impact génial.

Dans les coulisses de la fabrication des savons Lîdjeu. Crédit photo : Sophie Bernard

As-tu des actualités liés à ta marque ? De nouvelles choses qui sortent bientôt ?

À fond ! Il y en a pas mal, mais rien n’est vraiment certain à 100%, il peut toujours arriver un imprévu. Ce que je peux dire, c’est qu’une nouvelle formulation de shampoing va bientôt sortir et qu’un après-shampoing est en test cet été.

On travaille également sur un savon naturel liquide. On a aussi une collaboration avec la Brasserie Coopérative Liégeoise. L’idée c’est de développer une économie circulaire et de produire un savon qui réutiliserait certaines productions qui ne peuvent pas aller sur le marché. Concrètement, on récupère les fonds de cuve et on fait du savon avec. Un savon à la bière, c’est un peu fou mais les formules sont prêtes et on aimerait lancer la production en automne.

Sinon, on a aussi de nouveaux coffrets découverte qui réunissent 3 savons et dont le packaging a été dessiné par Pupa. On les retrouve ici chez Wattitude depuis peu !

As-tu des rêves un peu fous, des envies pour le futur de Lîdjeu ?

J’ai toujours des rêves de développement, de devenir un acteur important sur le marché belge, d’être plus connu en Belgique et aussi d’être rentable. Actuellement, voilà à quoi Lîdjeu aspire. Si je pouvais ne faire que ça à plein temps, ça serait le pied !

Il y a aussi un aspect qu’on ne met pas assez en avant, mais dont on devrait certainement parler dans le futur de la marque. C’est le respect de nos valeurs liées au local, au zéro-déchet et au soutien à une économie plus durable, même dans nos ingrédients et notre préparation des savons. Par exemple, dès qu’on le peut, nous travaillons en circuit-court : l’huile de chanvre que nous utilisons est produite en région liégeoise.

Il y a aussi le fait que nous sommes très à cheval sur les réglementations : nos emballages sont aux normes et vérifiés, toutes nos formules sont validées par un toxicologue, on respecte les bonnes pratiques de fabrication et les normes ISO imposées au niveau européen. On est bien évidemment déclarés auprès du SPF Santé.

Si tu pouvais dire quelque chose, donner un conseil aux gens qui vont lire ton interview, ça serait quoi ? En plus de lire les ingrédients de leurs produits, évidemment !

Ouf… j’aimerais trouver un conseil plus « inspirant » (Rires) Mais j’ai envie de donner un conseil très pragmatique mais que beaucoup de gens ignorent et/ou oublient en ce qui concerne les savons solides : ne les laissez pas sous la douche ! Paradoxalement, ces savons n’aiment pas l’eau, ils sont très sensibles à l’humidité et si vous ne les séchez pas après utilisation, ils vont se transformer en pâte visqueuse, vous devrez les jeter.

Les savons solides sont une excellente alternative au gel douche, mais il faut y faire attention !

Interview réalisée par Julia Blaimont

Les créations de Lîdjeu

Coffret détente 3 savons

Le savon du bricoleur

Le savon du sportif

Le savon 2 en 1 corps et cheveux