Le Lundi des Créateurs : Emi Garroy
Emi Garroy est une artiste liégeoise qui sait dessiner la mélancolie et qui est en train d'apprendre la joie. Aujourd'hui, elle nous parle de la machine du cerveau et de l'importance de se réjouir de ce qu'on accomplit. Venez faire sa connaissance...
Coucou Emi ! Merci de répondre à mes questions ! Peux-tu me parler de toi sans évoquer ton métier ?
Je pourrais essayer… Je suis plutôt une grande rêveuse, un peu instable, qui aime et déteste la vie. (Rires) Qui adore manger et dormir, aussi.
Peux-tu me parler de ton parcours professionnel ?
Je vais essayer de parler de ça dans l’ordre… J’ai commencé mes études artistiques en 3ème secondaire à Vielsalm. Ensuite, j’ai fait ma 5ème et ma rhéto en Arts plastiques ici à Liège, à Saint-Luc. J’ai continué avec Saint-Luc Supérieur, où j’ai fait mes 3 premières années en peinture.
Après, je suis allée à l’Académie des Beaux-Arts de Liège en Peinture monumentale pendant 2 ans, pour avoir une licence de peinture, car évidemment, c’est très utile dans la vie d’être licenciée en peinture ! (Rires) Mais ces années-là étaient vraiment géniales, j’ai adoré et si j’avais pu continuer « l’Aca » encore 10 ans, je l’aurais fait.
Après ça, tu tombes dans la vraie vie, et j’étais pas prête. J’ai continué à peindre un peu chez moi tout en trouvant un job alimentaire. Je me disais que j’allais pouvoir faire les deux, car j’avais un mi-temps et que donc j’allais pouvoir continuer à créer le reste de la semaine. En fait, non. La création ça te prend tout ton temps. Donc j’ai dû faire le deuil de ce que j’avais imaginé pendant un petit moment.
J’ai commencé à travailler avec la Smart et il y a 4 ans, je me suis mise en indépendante complémentaire. J’essaie de gérer ça tant bien que mal, mais la paperasse, c’est pas mon truc ! (Rires) Je suis en train d’essayer de remettre à jour et en ordre tous mes papiers.
"Ce qui me réjouirais, ça serait déjà de me réjouir de ce que j’ai accompli. À force de toujours regarder plus loin, j’oublie de me poser et de profiter de ce que je viens de faire."
Est-ce que tu peux me parler de tes inspirations ? Qu’est-ce qui te donne envie de dessiner ?
Je pense que l’inspiration de base, chez moi, c’est la vie, en fait. C’est pas spécialement négatif mais puisque je suis un peu « torturée » dans ma tête, je réfléchis beaucoup trop, j’ai tendance à être touchée et traversée par toutes sortes d’émotions. C’est ça qui me donne envie de dessiner.
La joie, je ne la dessine pas souvent mais j’essaye. Je n’ai pas encore réussi à la mettre dans mon travail personnel. Dans mes commandes, je mets beaucoup de joie, de couleurs… mais dans mon travail personnel, je n’ai pas encore réussi à la dessiner sans qu’elle soit trop « gnangnan ». J’aimerais qu’elle ait de la consistance, mais en même temps, c’est moi qui m’impose ça. Pourquoi devrait-elle en avoir, au fond ? Peut-être parce que je trouve beaucoup de consistance à la tristesse, à la mélancolie. Mais je sens que je suis sur la bonne voie.
Je me dis que si j’ai pu commencer par la mélancolie et la tristesse et finir par la joie, c’est plutôt pas mal ! (Rires)
As-tu des actualités professionnelles que tu as envie de partager avec nos lecteurs ?
Oui ! Pour le moment, j’ai pas mal de choses à raconter. J’ai une nouvelle collection de t-shirts qui vient de sortir. Ce qui est chouette, c’est qu’il y a eu pas mal de trucs qui se sont construits autour de cette collection : la journée tattoo au studio Les Makralles, à Liège, j’ai aussi fait des stickers assortis.
J’ai également imprimé des images avec ces designs-là. J’aimerais en faire un bouquin un jour, mais c’est un projet plus lointain.
"Mon lieu de travail, pour l'instant, c'est mon carnet. Il est pratique, transportable et s'adapte à beaucoup de situations !" Crédit photo : Emi Garroy.
Justement, en parlant du futur, as-tu des projets un peu fous, des rêves à réaliser ?
J’aimerais bien refaire un livre et j’aimerais beaucoup faire plus de collaborations. Ça me plairait énormément de travailler avec quelqu’un qui écrit, par exemple. J’aimerais aussi, dans un rêve un peu plus fou, aller faire une résidence d’artiste quelque part et me consacrer à un projet pendant 1 mois. Ça serait cool de pouvoir mettre ça en place pour 2023.
Y a-t-il des choses dont tu te réjouis pour la deuxième moitié de 2022 ?
En fait, ce qui me réjouirais, ça serait déjà de me réjouir de ce que j’ai accompli depuis janvier. (Rires) J’ai besoin d’arrêter de toujours vouloir faire plus. À force de toujours regarder plus loin, j’oublie de me poser et de profiter de ce que je viens de faire.
Par exemple, pour l’instant, je travaille avec les Éditions de Cortil et j’ai réalisé un carnet d’amitié. J’ai travaillé des mois dessus, il est enfin sorti, et je ne prends même pas le temps de m’en réjouir vraiment. J’aimerais vraiment prendre le temps de me réjouir de ce que j’accomplis.
Si tu pouvais dire une chose au gens qui vont te lire, tu leur dirais quoi ?
Arrêtez de vous prendre la tête. Je dis ça, mais je suis incapable de l’appliquer. Je suis de très mauvais conseil pour ça. Le meilleur conseil que je peux donner mais que je n’arrive pas encore à appliquer, ça serait ça. De rire un peu plus des choses. C’est pas toujours évident et le cerveau est une grosse machine complexe. (Rires)
Je crois que je vais arrêter de me le dire et essayer d’un peu plus le faire, parce que depuis 38 ans, ça ne marche pas trop pour moi, le fait de me le répéter constamment ! Peut-être que la formule « Sois cool… » marchera un peu mieux ! (Rires)
En tout cas, si quelqu’un qui lit cette interview trouve la formule magique pour rester cool et arrêter de se prendre la tête, qu’il n’hésite pas à laisser un petit commentaire, ça serait chouette !
Interview réalisée par Julia Blaimont
Les créations d'Emi Garroy
Bientôt dispos sur l'e-shop, les t-shirts sont en vente au magasin