Le Lundi des Créateurs : Charlotte Renard (Bobone)
Charlotte Renard a créé la marque de cosmétiques Bobone à partir de produits réfléchis et d'un processus le plus simple possible. Découvrez son travail passionné dans cette interview...
Bonjour et merci de répondre à mes questions ! Pouvez-vous vous présenter, sans parler de votre métier ?
Je m’appelle Charlotte Renard, j’ai 36 ans, je suis maman de 3 petites filles qui ont 9, 7 et 2 ans. Je suis namuroise d’origine mais j’habite en Ardenne. Je suis bientôt mariée à Samuel Deom, le papa de mes filles, avec qui je suis depuis 12 ans. Il est aussi devenu mon associé, par la force des choses.
J’ai fait des études secondaires générales puis je me suis dirigée vers une école artistique ( j’avais déjà fait 15 ans de beaux-arts à Namur) où j'ai fait la photo et ensuite des études d’esthétique et cosmétique pour enfin me diriger vers le maquillage de cinéma et d’effets spéciaux.
Les ateliers de Bobone, à Libin. Crédit photo : Wattitude.
Vous venez déjà de l’aborder, pouvez-vous me parler un peu plus en détail de votre parcours avant de créer la marque Bobone ?
Oui, bien sûr ! Donc après avoir étudié le graphisme et la photo à l’IATA, j’ai bifurqué à l’ERG, à Bruxelles. J’aimais bien, mais je n’ai pas accroché à cette école. J’avais très envie de faire des études artistiques, mais je pense que mon enfance et mon adolescence ne m’ont pas du tout donné confiance en moi et m’ont apporté beaucoup d’angoisses, je pensais toujours ne jamais y arriver.
Je me suis alors dirigée vers l’esthétique où j’ai découvert une formation en réflexologie plantaire que j’ai adorée. C’était très axé sur l’énergie, les chakras… Et ça, ça m’a vraiment plu. Je pense que l’un dans l’autre, le projet Bobone rassemble les deux voies qui m’attiraient : l’artistique et l’esthétique.
Au moment où j’ai voulu faire le maquillage de cinéma, mes parents m’ont suggéré de d’abord faire l’esthétique et la cosmétique pour avoir un bagage plus solide. J’ai donc fait 2 ans dans une école internationale d’esthétique et cosmétique et je suis partie à Rome faire un stage de 5 mois. Je travaillais dans un centre médical, dans un service qui faisait des soins post-opératoires de chirurgies esthétiques. C’était très intéressant !
De retour de Rome, je me suis inscrite à l’école Jean-Pierre Finotto (école de maquillage à Bruxelles, NDLR) et j’avais vraiment la niaque. Je commençais à me faire un petit agenda, j’étais très motivée. Et puis j’ai rencontré Samuel et ça a chamboulé toute ma vie ! (Rires) En fait, lui vient de l’Ardenne et je me suis vite installée avec lui, sauf que ma vie professionnelle était concentrée à Bruxelles. J’ai donc fait beaucoup d’allers-retours et naïvement, je pensais pouvoir gérer les déplacements.
Au bout d’un moment, j’ai dû faire un choix pour être mieux dans ma vie professionnelle. J’ai continué à faire des mariages, à maquiller pour la publicité… Mais j’ai surtout ouvert mon institut de beauté dans la maison que l'on habitait. Ça a bien fonctionné, je combinais à la fois mes ateliers de maquillage et mes soins et TV Lux, où j’étais maquilleuse.
Quand je faisais mes soins, je fabriquais tout moi-même, par conviction. Aussi parce que je n’avais pas d’argent pour acheter toute une gamme de produits cosmétiques en laquelle je ne croyais pas du tout. Je ne comprenais jamais ce qu’il y avait dans les produits, j’essayais de demander aux marques mais personne ne me donnait les réponses que j’attendais.
J'ai donc commencer à fabriquer mes produits moi-même et les clientes adoraient! Bobone est né comme ça !
"Faire les choses simplement, c'est bon pour la planète et pour garder le cap de ses valeurs."
L’inspiration derrière Bobone est donc née de produits que vous fabriquiez pour vous au départ ?
Je suis passionnée par la cosmétique, je me suis continuellement formée là-dedans. J’ai suivi beaucoup de formations, notamment une en saponification à froid pour fabriquer mon propre savon. J’en avais fabriqué 70 et j’avais mis une annonce sur les réseaux car évidemment, c’était beaucoup trop ! (Rires) Tout le monde en voulait, c’était trop marrant. Ils sont tous partis en 5 minutes.
Sur les conseils de Samuel, j’en ai refait et les ai de nouveau vendu. Ca a commencé comme ça. Puis les fêtes sont arrivées. J’ai proposé le savon et un gommage que j’utilisais lors de mes soins avec mes clientes. Les demandes affluaient. Mais à l’époque, rien n’était organisé. Tout se faisait via sms et via les réseaux.
Mais voilà, nous avons été un peu dépassés par les événements. Il a fallu professionnaliser la démarche. On a trouvé un nom et je me suis passionnée par ce processus. Il y avait le côté créatif que je cherchais depuis toujours et en même temps, j’avais l’impression que c’était l’aboutissement d’un chemin très long dont je n’avais jamais vu le bout. Depuis lors, ça ne s’arrête plus et c’est tellement gai.
Zoom sur les produits Bobone. Crédit photo : Élodie Grégoire.
Est-ce que Bobone a de nouvelles choses dans ses fourneaux ? Y a-t-il des actualités dont vous avez envie de parler ?
Oui et non. En fait, on fait beaucoup de tests en ce moment. J’ai plein de recettes dans un carnet et quand j’en ai une qui me plait vraiment, je contacte le labo et on se lance dans quelques semaines de tests de texture, de composition… Étant donné qu’on est soumis à des règles sanitaires hyper strictes, il faut qu’un produit puisse tenir le coup longtemps. Or, j’arrive souvent avec des recettes de grands-mères ! (Rires) Ce qui veut dire qu’elle ne répondent pas vraiment aux exigences de la cosmétique d’aujourd’hui. Ils faut les adapter.
On en a quelques-unes sous le coude en ce moment, mais on ne les sortira pas dans l’immédiat car on a un gros projet qui nous occupe. On va ouvrir un magasin Bobone à Redu et on est en train de développer un outil pour rendre la vie plus facile à nos magasins partenaires, pour les chouchouter. C’est un projet sur lequel on travaille depuis plus d’un an et vous, chez Wattitude, serez bientôt au courant !
La gamme s’est fort développée en peu de temps car la demande était énorme. Les clients regrettaient de ne pas pouvoir trouver tous les produits dont ils avaient besoin chez nous. Notre but ces dernières années a donc été de compléter la gamme. Et puis, moi, en tant qu’esthéticienne, j’aime savoir qu’on peut avoir un soin complet du visage ou du corps en ayant que des produits Bobone. Maintenant, le but n’est plus d’agrandir la gamme mais de la faire évoluer.
Dans le futur plus lointain de la marque, y a-t-il des choses que vous aimeriez réaliser ?
La petite cerise sur le gâteau pour moi, c’était vraiment l’ouverture de notre petit magasin. Pour moi, c’est enfin la version physique de ce qui existe au format numérique. C’est vraiment chouette, je vais pouvoir m’amuser sur la décoration, l’expérience client, l’esthétique du lieu...
Ma dernière question concerne les gens qui vont lire votre interview. Si vous pouviez leur dire quelque chose, ça serait quoi ?
Mon état d’esprit du moment pourrait se résumer à un mot : la sobriété. Je trouve qu’il résume bien l’évolution de la marque. Même si notre commerce s’est développé, je suis très heureuse de voir qu’on réussit à maintenir les valeurs qui sont les nôtres depuis le début. La sobriété, c’est à tous les niveaux.
Faire les choses simplement, c’est meilleur pour la planète, et c’est meilleur pour maintenir le cap de ses valeurs. Je suis loin d’être parfaite en ce qui concerne la simplicité, je n’essaie pas de donner de leçons, mais je pense que c’est un chemin qui mène au bien-être.
Interview réalisée par Julia Blaimont