Le Lundi des Créateurs : Marie Beguin (NoMoreTwist)

Marie Beguin est designer textile et sa marque NoMoreTwist, propose des objets du quotidien en textile tissé. Aujourd'hui, elle nous parle de ses différentes casquettes et de son travail pas comme les autres.

Bonjour Marie, merci de répondre à mes questions ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Marie Beguin, je suis designer textile, je vis à Liège donc j’ai mon atelier et ma maison au même endroit. Je trouve mon inspiration dans plein de choses : les formes de la nature, les fleurs, les plantes… J’en ai beaucoup d’ailleurs, ma maison est un peu une jungle ! J’aime beaucoup faire de la photo, je chine… Il y a sûrement d’autres choses à dire mais voilà ce qui me vient à l’esprit !

Quel a été ton parcours avant de commencer le projet NoMoreTwist ?

J’ai commencé des études artistiques assez tôt, en secondaire. À 16 ans, j’ai commencé Saint-Luc et j’étais en option arts plastiques. J’ai eu très tôt un intérêt pour les couleurs, les matières au niveau pictural et ça a été une porte d’entrée sur le domaine artistique. Le textile est venu plus tard, car je n’avais même pas connaissance de l’existence de cette discipline.

On voit le vêtement fini, mais on ne connaît pas forcément toutes les étapes nécessaires à sa création. En découvrant le textile, je me suis rendu compte qu’il y avait plein de liens à faire avec mon travail de la peinture. J’ai eu envie de me diriger vers les arts appliqués et j’ai pris conscience que j’aimais l’idée de créer un objet en y mettant sa sensibilité artistique pour qu’il fasse partie du quotidien des gens, qu’il soit utilisé.

"J’aimerais que toutes les activités qui m’occupent restent centrées sur le tissage et sur la transmission de cette discipline."

Comment est né NoMoreTwist ?

J’ai un peu sauté les étapes dans ma réponse précédente ! Je n’ai pas parlé de ma formation après les secondaires. En fait, j’ai continué la peinture pendant 3 ans et puis je me suis lancée dans le design textile en me disant que j’allais peut-être faire une spécialisation, un master, mais je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de techniques à apprendre et j’ai fait 4 ans de design textile.

Je suis très contente de l’avoir fait car sans ça, je n’aurais jamais réellement maitrisé la technique et peut-être que le textile serait juste devenu une pratique artistique. Je n’aurais pas pu produire mes créations en industrie comme je le fais maintenant car cela nécessite des connaissances techniques importantes.

Pendant cette formation, j’ai rencontré mes deux associées qui ne sont plus mes associées aujourd’hui mais avec qui j’ai travaillé pendant 10 ans. J’ai repris les rênes de l’atelier toute seule mais dans la même continuité. Je leur demande toujours des conseils, mais je comprends qu’elles aient voulu changer de voie car ce travail demande énormément d’investissement, de temps…

C’est réellement grâce au fait qu’on était trois et qu’il y avait l’énergie du groupe qu’on a pu faire naître ce projet, qui est à la fois un atelier et un marque. Les deux parties cohabitent. Chez Wattitude, vous vendez les objets que NoMoreTwist auto-édite mais je travaille aussi pour d’autres clients, c’est une autre facette de mon travail de designer textile.

Donc tu réalises aussi des commandes précises pour des entreprises ou des particuliers ?

Oui, c’est ça ! Je me considère très chanceuse car le tissage est vraiment au centre de toutes mes activités et elles sont assez variées.

Marie dans son atelier. Crédit photo : © Hannes Vandenboucke 

Y a-t-il des choses qui se passent en ce moment chez NoMoreTwist ?

Oui, comme je le disais, NoMoreTwist c’est une facette de mon activité. Si je devais parler des actualités de mon métier de designer textile, il y en a déjà pas mal. Le côté « marque » prend moins de place pour l’instant car je me consacre à des commandes de projets qui durent très longtemps car il s’agit d’ameublement.

Sinon, j’avais vraiment envie de parler d’un lieu qui s’appelle le TexLab de Liège. C’est un endroit super où je prends beaucoup de plaisir à travailler. C’est un espace de prototypage similaire à un Fab Lab mais consacré au textile. On y trouve plein de machines en location et les gens y viennent créer leurs projets avec l’aide des chargés de projet, ma collègue styliste Fanny Van Hammée et moi-même. On les aide car ils n’ont pas forcément les connaissances techniques pour utiliser un métier à tisser.

Ça fait 2 ans que ça existe et le bouche-à-oreille commence à faire son effet. Il y a beaucoup d’étudiants en mode qui viennent et ça commence à rayonner assez loin. Le métier à tisser attire des gens même au-delà de la Wallonie et donc j’ai réussi à voir une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour accueillir des bruxellois ! On avait tellement de demandes qu’on ne pouvait pas accepter, donc je suis très contente. Ça fait connaître Liège pour ce qu’elle a à offrir au niveau du textile.

On est quasiment les premiers en Europe à avoir cette machine disponible à la location et j’en suis très fière.

De manière plus globale, y a-t-il des choses dont tu te réjouis en 2022 ?

Je me réjouis que ça continue comme ça. J’aimerais que toutes les activités qui m’occupent restent centrées sur le tissage et sur la transmission. J’ai oublié de le dire, mais j’enseigne à Bruxelles à l’Académie des Beaux-Arts et le TexLab, c’est aussi un transmission.

Dans un futur plus lointain, y a-t-il des choses que tu aimerais réaliser, des ambitions un peu folles ?

Disons que j’aimerais continuer à faire fonctionner toutes mes facettes et à les faire évoluer. C’est ça mon rêve un peu fou, pouvoir continuer ce que je fais encore longtemps.

Si tu pouvais dire une chose à toutes les personnes qui vont te lire, quel message voudrais-tu faire passer ?

Comme je le disais au début de l’interview, par rapport à la connaissance de toutes les étapes de la fabrication du vêtement ou de l’objet, les gens ne les connaissent pas forcément mais elles sont nombreuses. Ça commence par l’élevage des moutons ou la culture des fibres, leur lavage… Par exemple, le lin est une matière que j’utilise encore peu car c’est difficile à mettre en production au niveau local. Ensuite, il y a le peignage, la filature, la création des prototypes tissus, le tissage…

Tout ça, c’est le chemin qui va vers le vêtement ou l’objet et j’ai envie de conscientiser les gens sur ce chemin. Il y a aussi énormément de métiers en pénurie et ça serait vraiment chouette de pouvoir créer une chaîne de valeur textile en Belgique.

J’ai participé à une étude sur la filière textile en Wallonie et en interviewant les industriels, on se rend compte que beaucoup de gens vont partir à la pension et qu’il n’y a pas de jeunes pour reprendre leurs postes et c’est un danger. Il faut se renseigner sur cette filière et continuer à la faire vivre.

Interview réalisée par Julia Blaimont

Les créations de No More Twist

Coussin Lazure Green S

Coussin Lepidoptera pastel M

Etole Moire orange/bleu

Coussin Silicium Pastel Green M